#12 – RESPECT

by Mrs W.

« Oui le sujet est ouvert de manière claire. Aucune ambiguïté, nos rapports sont sincères. Oui c’est clair je vous parle de respect, je vous parle de cette valeur qui se perd en effet…HEIN ! » (Alliance Ethnik, Respect, 1995)

Les premières lignes de ce couplet je les connais encore par cœur : elles me ramènent au milieu des années nonante (quatre-vingt dix pour les Français qui nous lisent même si on est d’accord que nonante est mille fois plus logique, non ?), quand nous chantions à tue-tête avec mes amies qui se reconnaîtront les chansons du groupe Alliance Ethnik[1].

Mais revenons à nos moutons ou plutôt à notre sujet : le RESPECT. On en parle ici au singulier et même au pluriel car, on se rend très vite compte que le respect se dévoile sous plusieurs formes et se perçoit de mille et une façons faisant écho à notre vécu, notre éducation, notre sensibilité ou même notre susceptibilité ? A vous de trancher…

Avec un peu de chance, vous faites partie de celles ou ceux qui arrivent naturellement à forcer le respect. Mais il est possible, dans certains cas, qu’on y arrive moins bien, quitte à supporter des comportements dépassant peu à peu les limites du respectable sous prétexte que « c’est pas bien grave », « c’est juste pour rire », « c’est mon chef », « c’est juste une fois », « c’est toujours comme ça », et j’en passe… Si tout ceci vous rappelle lointainement quelque chose ou quelqu’un, cette histoire est bel et bien faite pour vous…

On aborde dans cet épisode l’importance du respect de soi pour se faire respecter des autres. Comment se faire respecter au travail ? Comment faire face à un manque de respect ? Peut-on arriver à forcer le respect ?

  1. Là où tout à commencé
  2. La base : Bonjour !
  3. Petit poisson deviendra grand
  4. Le respect de soi avant tout
  5. Conclusion : nous avons tous droit au respect !

1. Là où tout a commencé…

Aussi loin que je m’en souvienne, le respect a commencé à l’égard des aînés qu’ils soient parents, grands-parents, oncles, cousins, grands frères ou sœurs.

Ma notion de famille, vous l’aurez compris, est très large et ne se limite pas à la famille nucléaire. Papa-maman-enfants ? Euh, on n’oublie pas d‘y ajouter des oncles, tantes, cousins par milliers (j’exagère à peine) sans épargner les amis des parents que tu appelles tontons et tantines parce que finalement, c’est la famille, quoi (vous vous souvenez du tonton du dimanche et ses questions indiscrètes sur l’arrivée de ma progéniture imaginaire dans l’épisode 5?).

Très clairement, à table, on n’interrompait pas les grandes personnes qui discutaient et on ne regardait pas dans l’assiette de l’autre : – « Oui mais le frérot a moins de légumes que moi » se soldait par l’inépuisable réplique qui tuait tout débat :« Regarde dans ton assiette ! ».

J’étais toujours fascinée par l’autorité naturelle de certains adultes qui ont fait partie de mon éducation: un seul regard et on avait compris qu’on n’avait pas intérêt à surenchérir. Cela laisse des traces.

Aujourd’hui encore, j’avoue avoir du mal à suivre certaines scènes de séries françaises lorsque les enfants ou ados s’adressent à leurs parents avec une certaine audace : « vas-y, sors de ma chambre ! » Totalement improbable dans mon monde.

Très naïvement, j’imaginais donc en commençant ma vie professionnelle que cette valeur allait de soi. J’ai vite déchanté. Cela a commencé par la base.

2. La base : Bonjour !

En ce qui me concerne, la base des bases dans le Manuel du respect pour le nuls c’est dire bonjour à un collègue qu’on croise le matin dans l’ascenseur, par exemple. On appelle cela de la courtoisie, non ?

Autant vous dire que j’ai été quelque peu décontenancée lorsque certaines personnes ne répondaient tout simplement pas à mon bonjour (m’enfin ?) ou détournaient le regard, voire baissaient les yeux, histoire d’éviter tout contact alors qu’on se connaissait (bon ben pour le comité d’accueil, on repassera).

Dans leurs grands jours, ces personnes daignaient m’accorder un petit hochement de tête mêlé à une tentative de sourire pincé que j’ai toujours traduit comme « Je suis obligé de reconnaitre que tu existes car je suis mal à l’aise et n’ai pas le choix mais tu n’obtiendras aucun son de ma bouche et encore moins un sourire si ce n’est ce petit sourire forcé. »  Le message était hyper clair.

On aborde dans cet épisode l’importance du respect de soi pour se faire respecter des autres. Comment se faire respecter au travail ? Comment faire face à un manque de respect ? Peut-on arriver à forcer le respect ?

En soi, je n’ai pas de problème avec le fait de garder ses distances surtout dans le milieu professionnel (voir l’épisode 9 sur les amis au travail), mais dans mon monde, ne pas dire bonjour ou pire, ne pas répondre à un bonjour, c’était carrément insultant.

Passé le stade de l’incompréhension, je me suis finalement assez rapidement adaptée à la situation surtout lorsque j’ai réalisé que je n’étais pas la seule qui se faisait snober.

Un jour, un collègue m’a expliqué que le fait de ne pas dire bonjour ostensiblement était tout simplement pour certains une habitude visant à ne pas déranger à tout bout de champ la personne qu’on croise dans les bureaux. Etrange pour moi mais c’était une explication qui pouvait se tenir finalement.

Je l’ai acceptée comme telle et n’ai plus cherché à fomenter des théories du complot à mon égard. Certaines personnes pouvaient aussi tout simplement être plus réservées ou n’en avaient tout simplement « rien à caler » de mon bonjour.

Je me devais d’accepter que tout le monde n’avait pas forcément la même façon de percevoir les choses.  Cela ne voulait pas dire que j’allais renier pour autant la mienne.

Pas question de baisser les yeux quand je croisais quelqu’un et tant que possible j’échangeais un bonjour discret mais cordial ou marquais un hochement de tête si j’avais repéré un gréviste du bonjour (marre des vents à la fin).

On aborde dans cet épisode l’importance du respect de soi pour se faire respecter des autres. Comment se faire respecter au travail ? Comment faire face à un manque de respect ? Peut-on arriver à forcer le respect ?

3. Petit poisson deviendra grand

Une des choses dont je suis hyper reconnaissante est d’avoir eu la richesse d’être entourée des personnes de tous milieux et horizons culturels et professionnels tant à l’école, qu’en famille ou à l’université. Par ailleurs, je crois beaucoup à l’autodidactie.

Le fait d’être bardé de diplômes n’est pas un gage d’intelligence absolue et surtout en ce qui concerne l’intelligence émotionnelle. J’ose affirmer que la connaissance technique ne fait pas tout dans la vie et ne définit pas notre valeur :

  • Par exemple, ce que ma mère m’a transmis en termes de valeurs, de force, d’empathie et de compréhension des relations humaines ne s’apprend pas sur les bancs de l’université mais m’aide tout autant à faire face à certains obstacles personnels ou professionnels. Son expérience de vie force mon respect et lui donne la crédibilité pour m’éclairer sur certaines situations parfois compliquées.

On aborde dans cet épisode l’importance du respect de soi pour se faire respecter des autres. Comment se faire respecter au travail ? Comment faire face à un manque de respect ? Peut-on arriver à forcer le respect ?

  • Autre exemple que j’ai puisé dans le cadre de mon ancien métier d’avocat mais transposable dans d’autres métiers: il était indispensable d’avoir une bonne assistante capable de gérer les agendas et le côté administratif des procédures parfois complexes. L’assistante était une personne-clé pour littéralement nous assister et faciliter le travail. Dans ce cas-ci, elle et moi avions même des atomes crochus (elle est d’ailleurs devenue une amie après que j’ai quitté le cabinet). Je me souviens avoir croisé parfois des regards étonnés (voire dédaigneux) lorsque mes collègues avocates et moi allions manger avec notre assistante à la pause-déjeuner. Nous restions toujours professionnelles mais ce mélange avec des non-avocats semblait déranger certaines personnes. Je ne dis pas qu’il faut absolument être pote avec tout le monde au travail (on l’a déjà vu dans l’épisode 9 sur l’amitié au travail) mais si cela arrive, je trouve que rien ne justifie qu’on soit mis mal à l’aise par des regards trop appuyés.

De plus, tu ne sais jamais qui tu as en face de toi. En ce qui me concerne, j’étais avocate hier, mais je suis passée à présent de l’autre côté, dans le monde de l’entreprise et me retrouve dans la situation inversée où je donne en quelque sorte des instructions à des personnes à qui je rapportais hier. Je suis devenue la cliente qu’ils doivent satisfaire.

La vie a le don de se charger elle-même de rééquilibrer les choses. Certains parlent de karma ; moi je parle de juste retour des choses. Alors il vaut mieux traiter les autres comme on aimerait être traité (cette éducation chrétienne est définitivement bien ancrée).

4. Le respect de soi avant tout

Cela peut parfois arriver qu’on se retrouve dans des situations où on nous manque profondément de respect soit de manière ostensible comme par exemple une remarque inappropriée sur un élément qui n’a aucun rapport avec notre travail ou de manière plus insidieuse (on reviendra certainement sur les jeux de manipulations dans un autre épisode).

Dans ce cas, il n’y a pas de concession à avoir : il faut immédiatement mettre un stop à la remarque qui dépasse les bornes. L’interlocuteur doit remarquer qu’il vous a mis(e) mal à l’aise et sentir qu’il ne doit plus jamais recommencer ou essayer.

Je regrette parfois qu’au tout début de ma carrière professionnelle, j’ai parfois serré un peu trop les dents et encaissé des vexations inutiles de peur d’avoir des problèmes.

On aborde dans cet épisode l’importance du respect de soi pour se faire respecter des autres. Comment se faire respecter au travail ? Comment faire face à un manque de respect ? Peut-on arriver à forcer le respect ?

Jusqu’au jour où j’ai réalisé qu’en fait, si je ne répliquais pas très rapidement, on allait m’écraser encore davantage : plus facile d’écraser un homme (ou plutôt une femme dans mon cas) à terre non ? Alors, promis, la prochaine fois, j’allais réagir ou au moins exprimer le fait que je n’étais pas d’accord avec le ton irrespectueux ou avec les remarques inadaptées au contexte professionnel.

La première fois que j’ai décidé de réagir a été un électrochoc.

La veille, j’avais subi les foudres d’un avocat qui n’était pas content de la qualité de mon travail et avait été un peu loin dans ses propos. J’étais très calme quand je lui ai dit : « Je comprends qu’en tant qu’avocat plus expérimenté vous puissiez critiquer le contenu de mon travail, finalement je suis là pour apprendre. La critique est tout à fait normale. Mais vous n’avez pas le droit d’émettre des jugements sur mon intelligence ou sur ma valeur. Je ne l’accepte pas ! ». J’étais toujours debout (miracle sans aucune larme qui perle sur mon visage) et pas du tout virée sur-le-champ.

La personne qui m’avait manqué de respect ne s’est pas excusée – faut pas pousser – mais m’a expliqué que j’avais dû mal interpréter ses propos et était désolée si j’avais compris les choses de cette manière (no comment).

Quand une personne dépassait les bornes, j’avais donc le droit de le dire car finalement j’avais moi aussi, petite stagiaire avocate, droit au respect.On aborde dans cet épisode l’importance du respect de soi pour se faire respecter des autres. Comment se faire respecter au travail ? Comment faire face à un manque de respect ? Peut-on arriver à forcer le respect ?

Petit florilège d’exemples qui ont suivi :

  • « Je trouve que le ton utilisé est inapproprié. Ni mon père, ni ma mère ne me crient dessus, alors je ne vois pas de quel droit tu me cries dessus de cette manière ». La personne m’a répondu – en criant – que ce n’était pas elle qui criait mais moi. Je lui ai répondu sèchement : « et bien dans ce cas, on crie tous les deux alors ! ».
  • « Si tu as une critique à émettre, j’apprécierais qu’au moins tu viennes me la faire dans mon bureau et que tu fermes la porte plutôt que de crier dans le couloir car cela m’incommode que tout l’étage écoute les reproches que tu as à me faire. »
  • « Ce n’est pas juste de dire que personne ne t’aide jamais dans ce dossier alors que tu sais pertinemment que j’ai travaillé autant d’heures sur ce dossier. C’est vraiment mépriser le travail que j’ai fourni. »
  • « Je ne souhaite surtout pas que vous parliez de mon physique ou de mes cheveux dans mon discours de présentation des nouveaux avocats au cabinet. Cela me met mal à l’aise et ce n’est pas professionnel. Vous n’aurez le droit d’utiliser que ce qu’il y a dans mon cv, rien d’autre ! » (non, vous ne rêvez pas).

Le fait de formuler les choses clairement renvoyait la personne à son comportement inadapté.

Soit fait très rare, elle s’excusait, soit elle passait par une pirouette pour expliquer son geste et tentait par la suite de se rattraper.

Par contre ce qui a vraiment changé c’est la manière dont ces personnes m’ont regardée et traitée à partir du moment où j’ai osé répondre à des attaques qui franchissaient la ligne rouge.

C’est finalement moi qui donnais le ton en imposant mon propre respect et mon amour propre. Les gens ont commencé à me respecter le jour où j’ai commencé à me respecter moi-même.

On aborde dans cet épisode l’importance du respect de soi pour se faire respecter des autres. Comment se faire respecter au travail ? Comment faire face à un manque de respect ? Peut-on arriver à forcer le respect ?

5. Conclusion: nous avons tous droit au respect !

On n’a pas toujours en face de soi des personnes qui ont les mêmes valeurs de respect que nous ou qui l’expriment de la même manière que nous, mais cela ne veut pas dire qu’on doit se brader ou se conformer à tout prix surtout lorsqu’il s’agit du respect élémentaire de notre personne.

Nous avons tous droit au respect, quelle que soit notre position dans la hiérarchie.

Alors parfois, il faut l’imposer quand certaines limites sont dépassées (voy. l’épisode 6 sur la puissance du non). C’est une question de survie car comment espérer qu’autrui nous respecte si on ne se respecte pas nous-mêmes ?

Dans la chanson d’Alliance Ethnik (non, je ne lâche pas l’affaire avec ce groupe), la chanteuse fredonnait à un moment « Respect yourself and the rest will floooooooow ! ». Y’avait de l’idée là-dedans finalement…

Et pour toi, le respect, ça va de soi dans tes relations professionnelles ou dois-tu encore y travailler pour l’imposer ? Quoi qu’il en soit, ne t’en veux pas si tu as encore du chemin. La prise de conscience est déjà un premier pas vers un meilleur respect de soi.

On est ensemble,

Mrs W.

————-

[1] Pour ceux qui sont complètement largués, le groupe Alliance Ethnik n’a pas fait long feu mais reflétait bien l’alliance multiculturelle dans laquelle j’évoluais avec mes ami(e)s de toutes teintes et origines partageant le même amour pour les sonorités rnb et chorégraphies so nineties. Je sonne légèrement vieille mélancolique sur les bords là, j’ajouterais même : – « Aaaaaah c’était mieux avant ».

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4 comments

MS 10 février 2019 - 17 h 56 min

Oh yeah je la connais par coeuuur…alliance ethniiik! Tu me l’as mise en tête maintenant haha! Mon article préféré jusqu’à maintenant…on se demande pq 🙄😋 en effet le respect est celui qu’on impose…Mais aujourd’hui encore jai du mal avec la base et les gens qui ne disent bonjour qu’un jour sur 5. Ça me gave. Donc au lieu de me laisser manquer de respect je n’en donne plus gratuitement non plus. Tu dis pas bonjour et bien tu seras des lors un fantôme pour moi. Que tu sois associé, stagiaire ou même le pape. Enfin n’exagerons pas le pape c’est le pape. Bref. C’est souvent plus une question d’éducation que de réel respect. Ces gens là ne se rendent même pas compte en réalité. Ah…Ces avocats je te jure 😅

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Mrs W. 10 février 2019 - 21 h 18 min

Alliance Ethnik y’a que ça de vrai ! Vive les 90’s ! Merci de continuer à me lire et me donner de si belles marques d’appréciation ! Ça me touche beaucoup ! Pour les radins du bonjour j’aime ton approche du fantôme 👻 c’est vrai que quand ça devient trop c’est trop ! Mais le pape reste le pape comme tu dis 😄 Bises

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Diane MBOYO 16 février 2019 - 19 h 02 min

Le point 4 est tellement rempli de vérités. Respecte toi et le monde de respectera. Tu dois apprendre au gens qu’il y a des limites à ne pas dépasser et cela ne doit pas se faire en étant ou en étant vulgaire.

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Mrs W. 17 février 2019 - 9 h 19 min

True story. Ravie qu’elle te parle Diane. Il est crucial d’apprendre rapidement à se faire respecter et se faire entendre, le tout avec classe comme chantait l’autre

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