On termine le cycle de trois épisodes intitulé « Et sinon c’est quand que tu… » sur les questions posées par les curieux.
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Dans ce cinquième épisode, on aborde un sujet sensible et tellement personnel qui n’échappe malheureusement pas à l’assaut des indiscrétions de personnes plus ou moins bien intentionnées:
« Et sinon, c’est pour quand les enfants ? »
Sommaire
- Quand y’en a plus, et ben y’en a encore !
- Mind your own business
- Ici et maintenant
- Quoi? Tu ne veux pas d’enfants?
1) Quand y’en a plus, et ben y’en a encore[1] !
Moi qui me croyais immunisée après m’être (enfin ! – selon certains) mariée.
A peine revenue du voyage de noces, l’interrogatoire reprenait de plus belle, cette fois-ci sur ma progéniture.
Au début, on admettait encore que je profite des premiers mois du mariage, mais à un moment donné, ça commençait à bien faire cette histoire !
Je pense que j’ai eu le plus de mal avec certaines personnes issues de la diaspora africaine, que ce soit des dames que je croisais sur les bancs de l’église ou certaines personnes de mon cercle familial (sans limite d’âge ou de continent), une seule question leur brûlait les lèvres en me voyant : – « Alors ? Les enfants, c’est pour quand? »
Certains ont poussé le vice jusqu’à présupposer que j’étais enceinte.
C’était apparemment impossible que j’ose continuer à vivre sans projet de bébé, la lune de miel était déjà un lointain souvenir après tout, donc plus d’excuse semblaient-elles insinuer en regardant vers mon ventre avec les félicitations qui s’imposaient apparemment.
PAUSE. RESPIRE.
On va se calmer ?
« Déjà je ne suis pas enceinte. J’ai mangé un burger ok ! Bon ok plusieurs et des frites aussi et de la mayo et de la compote, bref j’ai un peu grossi quoi. »
Ca c’était ma réplique dans ma tête.
En réalité, je n’avais pas de réponse toute faite car j’étais toujours choquée de la démarche qui me prenait toujours par surprise.
2) Mind your own business
C’est enfoncer une porte ouverte que de dire qu’il est extrêmement indiscret de poser ce genre de questions : non seulement on ne sait jamais ce qu’un couple peut traverser mais aussi, ça revient finalement à interroger les gens sur leur vie intime.
Cela n’a certainement pas sa place dans une conversation avec des gens que je croise vaguement le dimanche ou avec qui je ne partage pas ce genre de détails.
Je suis convaincue que les personnes qui me posaient ces questions ne voyaient très souvent pas le mal et cherchaient mon bien : je devais remplir mon rôle premier de mère nourricière.
En gros, c’est fini ces histoires de profiter de la vie de jeunes mariés, ou encore moins de femme célibataire, de faire des voyages, avoir des expériences pro à l’étranger : tout ça c’est secondaire, sois maman d’abord je te l’ordonne il en va du bon ordre des choses, c’est l’histoire de la VIIIIIIE (comme dans le Roi Lion quoi).
En soi, je tolère que des personnes comme mes parents avec qui je suis proche et avec lesquels j’ai un dialogue régulier sur ma vie puissent me demander si on envisage d’avoir des enfants mais des gens que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam ou qui n’ont aucune autorité dans ma vie, je ne leur dois rien !
Leave me aloooone !
J’aime la réponse d’une de mes amies les plus chères à un oncle indélicat qui lui demandait – « Alors c’est pour quand les enfants ? », et elle de lui répondre : – « Ah tonton, tu sais nous on préfère s’entrainer » (I would never, she’s savage hahahaha). Alors elle, il ne faut pas la chercher.
Même si je ne suis pas aussi directe qu’elle, j’ai aimé le message qu’il y avait derrière sa réplique.
Une fois de plus, elle renvoyait le tonton du dimanche à son indiscrétion et à l’absurdité de sa question.
Pause facultative – Définition libre du tonton ou de la tantine du dimanche: tu sais ces oncles ou tantes que tu ne vois qu’une fois par an à des fêtes familiales mais qui croient qu’ils ont un mot à dire te concernant sous prétexte qu’ils t’ont connu(e) bébé et ont soit-disant (où sont les preuves?) changé tes couches il y a un milliard d’années. Si vous ne connaissiez pas le concept, voilà qui est fait.
Le tonton voulait des détails ? Et bien « bam » il était servi.
3) Ici et maintenant
Au fil du temps, je me suis rendue compte qu’en réalité, ces questions qui m’étaient posées (parfois innocemment) me touchaient vraiment lorsque je n’étais pas moi-même convaincue de mon parcours, de mes choix ou du stade où j’étais ; par ma volonté ou non.
Pour prendre un exemple tout à fait différent mais assez parlant, pendant très longtemps, je n’ai pas eu le permis de conduire et, pour être honnête, je m’en fichais royalement.
Les voitures ce n’était juste pas mon truc, donc ça ne me faisait ni chaud ni froid que certaines personnes me harcèlent par rapport au fait que je n’avais toujours pas ce satané permis à mon âge.
J’ai fini par l’avoir quand je me suis sentie prête (bon avec un sérieux coup de pouce des frérots super patients mais pour le bénéfice de cette histoire on va prétendre que ça s’est réglé en une fraction de seconde).
La clé est donc, une fois de plus, d’embrasser les périodes de notre vie qu’elles correspondent ou non au standard de l’ordre des choses (on se demande bien décidé par qui, mais bon).
Malheureusement, on ne choisit pas toujours sa condition mais finalement plutôt que de rester sur l’apitoiement, sublimons le peu (qui est parfois beaucoup) qu’on a. Par exemple:
- Je ne suis pas propriétaire mais j’habite dans un super quartier de Bruxelles où il y a énormément d’animations et il y fait bon vivre.
- Je ne suis pas mariée et n’ai pas d’enfants mais qu’est-ce que ça fait du bien de se dire que ce samedi je vais faire la grasse matinée du siècle puis rester dans mon fauteuil et binge-watcher la seconde saison de 13 Reasons Why sur Netflix (no spoilers please).
Encore une fois de plus, une histoire d’appréciation au fond.
Et restons positifs (finalement en quoi être pessimiste nous a aidé ?) sur le fait que notre temps viendra, car on y travaillera dès qu’on on sera prêt.
4) Quoi? Tu ne veux pas d’enfants?
Une fois de plus, je ne parle que de ce qui touche à mon vécu.
Bien entendu, d’autres, même si ce n’est pas mon cas, ne souhaitent tout simplement pas avoir d’enfants et breaking news, cette situation leur va très bien.
Respecter ce choix, sans exigence d’explications quelconques ni jugement devrait aller de soi.
Toutefois, vu qu’on ne vit pas dans un monde des bisounours, face au jugement des indiscrets ou détectives en herbe, le difficile exercice consistera à prendre le temps de s’accepter et s’assumer pleinement (y compris dans nos propres choix de vie) pour pouvoir clouer le bec aux curieux sans le moindre sentiment de culpabilité.
On pourrait donc commencer par être bienveillant avec soi-même et refuser de laisser les combats ou frustrations d’autres personnes guider notre propre chemin de vie, non?
Difficile entreprise, je l’avoue mais indispensable étape dans le chemin de l’acceptation de soi et de ses choix.
***********
C’est donc ça le Graal : assumer qui nous sommes, ce que nous souhaitons, ce que nous vivons, sans se cacher, sans rougir, ni culpabiliser ici et maintenant.
You are here. Go with your flow…
On est ensemble,
Mrs W.
[1] Ce titre fait référence à un extrait de la chanson Alors on danse (2009) de Stromae, un grand artiste bruxellois qui fait la fierté de notre petite Belgique (cocorico !).
6 comments
Je me suis déjà laisser aller à ce genre de questions indiscrètes mais jamais à la façon du tonton et avec les années cest vrai que certains couples traversent parfois des difficultés à concevoir et que c’est du coup un sujet sensible à ne pas lancer pendant l’attente d’un metro ou autre. Après quand je pose la question cest parce que mes propres enfants sont ma vie et mon bonheur et qu’avant den avoir je ne savais pas à quel point cela me rendait heureuse et c’est ce même bonheur que je souhaite aux jeunes femmes de mon entourage que j’apprécie en général…mais je suis daccord avec l’article il faut apprendre à prendre des pincettes pour ce genre de sujet.
Merci pour le partage ! Tout est dans l’art et la manière comme tu dis et dans l’ouverture à ce sujet de la personne interrogée. Personnellement à part si on m’y invite je ne pose jamais la question car on ne sait jamais. Et il y a une différence entre le tonton du dimanche (hellll no) et le ton bienveillant d’une amie ouverte à ce genre de questions. Bises bises
Je pense que les gens en parlent spontanément comme brise glace sans forcément considérer les ramifications qui sont liés à leurs questions. Bless theirs hearts 💕
Indeed !
Je viens de découvrir cette pépite de blog et il y a déjà 7 articles ! Ou ? Quand? Comment ? Je n’en savais rien.
Premièrement : CHAPEAU !!!
Deuxièmement : Courageuse de te lancer car, au final, les sujets que tu abordes, nous touchent tous, de près ou de loin, mais en les écrivant tu te mouilles et te dévoiles ☺️
Troisièmement : Je suis la blanche indiscrète qui a déjà posé cette belle question : Alors c’est pour quand le bb ?
Alors que moi, tout le monde me demande c’est pour quand le mariage hahaha.
Je t ai posée cette question car, comme tu le dis si bien, c’est une suite logique au mariage qui t es imposée par la société.
Souvent nous ne nous rendons pas compte du mal que nous pouvons faire en posant ce genre de questions : mariage, naissance, achat d un appart et au final, je pense, qu il faut faire la part des choses entre les gens pour qui c’est de la simple curiosité et les autres que ça intéresse vraiment, ceux qui connaissent cette et/ou ces expériences et qui souhaitent juste que tu vives la même chose qu eux 😎
Gros bisous et continue.
P.S : Il y cette nouvelle vague de femmes qui assument et revendiquent le fait de vouloir vivre une vie sans enfant; j admire ces femmes de savoir avec tellement d aplomb ce qui peut ou non les rendre heureuses !
P.S2 : Je m en vais, de ce pas, lire l’article sur le mariage lol suivez mon regard 👀
Merci Charlotte pour ce joli feed-back rempli de bienveillance. Je prends je prends 😉 Ça me donne la force de continuer à partager et suis contente que tu puisses te retrouver dans les sujets discutés. Ma mission est accomplie si tout un chacun peut se reconnaître et repartir avec quelque chose. Gros bisous et bonne lecture de la suite des articles !