Ce sujet me tient particulièrement à cœur, ayant connu les joies (et on ne va pas se mentir les peines) de la vie de célibataire. Je l’ai déjà abordé à demi-mot dans un autre article (Et sinon, c’est quand que tu te maries?) mais voudrais approfondir le sujet. Avez-vous remarqué que, passé un certain âge, quels que soient nos accomplissements, notre entourage proche ou lointain, dans le milieu professionnel ou cercle privé, et même au-delà, comme dans les articles de magazine, les séries ou publicités ou encore chez les personnalités que nous suivons sur les réseaux sociaux, tout ce petit monde viendra toujours nous rappeler que notre statut de célibataire serait anormal, peu enviable, inspirant même une certaine pitié à peine masquée? Il doit d’ailleurs absolument être changé au plus vite au risque d’être considérée comme la vieille fille de service certainement coincée, bizarre, qui fait la difficile, trop exigeante, pas assez ouverte. Je continue la longue liste d’accusations ? A vous de choisir. A lire cette introduction il ne reste plus qu’à jouer en boucle le tube pas si daté de Akon : Lonely I’m so lonely. I have nobody to call my own… Je préfère proposer une voie, un rien plus constructive : se rendre compte qu’être célibataire n’est pas une tare comme on voudrait nous le faire croire. Si on n’a pas encore trouvé chaussure à son pied, on peut se proposer pour nous-même d’être tout de même bien dans ses baskets : célibataire et épanoui.e ! Cela implique de déconstruire pas mal de clichés sur le célibat et ça tombe bien, j’adore ça ! |
Petite note à l’attention de mes lecteurs et lectrices : cet article n’est pas une injonction de vivre ou faire comme moi qui aurais la science infuse (loin de là). En vous racontant ce 26ème épisode de vie, j’ouvre furtivement une fenêtre sur une phase de vie de célibataire que j’ai trouvée pénible à certains égards mais que j’ai finalement appris à apprécier. |
Sommaire (8 min de lecture)
- Alors les amours ?
- A girl with a plan
- Mais qu’est-ce qui cloche ?
- Un temps pour tout mais surtout un temps pour MOI
- Shine bright like a diamond
1. Alors les amours ?
Cette question devrait être tout simplement bannie de la langue française (tout comme le lancer de bouquet aux mariages sur l’air Single Ladies de Beyoncé).
Pourtant, elle reste définitivement en tête des questions pièges posées lorsqu’on est une jeune femme célibataire, et encore davantage lorsqu’on est célibataire de longue durée dans la vingtaine, la trentaine, et certainement après. J’imagine qu’il n’y a pas de limites aux questions indiscrètes….
Article lié : Et sinon, c’est pour quand les enfants ?
Le pire dans tout cela, c’est que la personne qui nous interroge a une réelle attente…
Dans ces cas-là, ce serait tellement pratique de pouvoir répondre : -« Tout va bien. Je suis super heureuse avec mon compagnon», sauf que dans ce cas précis on a personne à présenter, ce qui nous ramène à notre triste condition mêlée à une gêne palpable.
C’est que l’interlocuteur (ce coquin) s’arrête rarement là.
Si tout va bien il ou elle nous affublera d’un accusateur et incrédule : – « Mais pourquoi ? Tu es difficile ou quoi ? » (bien sûr c’est de notre faute) ou du savant conseil – « Il faut sortir de chez toi » (on a l’impression qu’il espère vraiment qu’on lui dise – « ah ben oui, quelle brillante idée, je n’y avais jamais pensé»).
Cette situation, j’y ai été confrontée à une certaine époque :
- au travail, par exemple quand certains évoquaient leur partenaire dans une conversation pourtant anodine puis s’en suivait un blanc…que je laissais volontairement blanc puisque je n’avais rien de palpitant à raconter dans ce domaine;
- ou dans le cercle familial avec les questions indélicates (voir Et sinon c’est quand que tu te maries) posées de préférence en public (il ne faudrait pas que l’auditoire rate le clou du spectacle) par une personne pas si proche mais investie d’une mission de te caser à tout prix et parfois même de te casser au passage en te faisant ressentir que tu es seule (mais pourquoi enfoncer le clou ???).
Le mal peut aussi être fait involontairement :
- vous souvenez-vous de ce bon vieux dîner où vous êtes la seule célibataire à table?
- Ou ce week-end à la mer avec des couples d’amis où on a oublié de vous prévenir que vous seriez reléguée sur le sofa du salon pour la nuit (c’est quand même normal en tant qu’unique célibataire du groupe) alors que tous les couples naturellement auront chacun droit à l’intimité de leur chambre (ah ben non ça n’est arrivé qu’à moi apparemment).
- Quant à ces cocktails ou dîners professionnels avec conjoint, on fait comment quand on n’a aucun conjoint à y inviter ? Dédicace spéciale aux proches que je réquisitionnais illico pour m’accompagner à certains événements histoire de ne pas m’y rendre toute seule comme une « loseuse ».
Vu le tableau que je viens de décrire, il ne reste plus qu’à rentrer à la maison et ajouter La Solitudine[1] de Laura Pausini à notre playlist dépressive (entamée au début de cet article) ou se délecter d’un bon vieux Love Actually ou tout autre film de fille qui nous fera encore plus envier la condition idyllique des gens qui ont trouvé l’amouuuuuuur.
2. A girl with a plan
Le décor est planté et franchement, il ne fait pas envie.
Après l’inévitable phase d’auto-dépréciation (ben évidemment c’est sûr, on finira seule nous, on est pas fait comme les autres qui ont de la chance et trouvent la perle rare), on tente de se ressaisir, souvent par vagues intermittentes.
Et si finalement pour littéralement sortir de ce cercle vicieux, on suivait le conseil de l’année consistant à quitter notre nid douillet et voir du monde ?
Il est clair que ce n’est pas en restant devant ma TV que le prince charmant allait débarquer : y’a t-il quelqu’un pour signaler aux héritiers de Walt Disney que je veux être remboursée de tous mes VHS et DVD Disney, sauf le Roi Lion ? (#irrealisticExpectations).
C’était clair comme de l’eau de roche. Je devais aller le chercher moi-même comme une grande (à ce stade on ne visait même plus un prince, le premier crapaud ou la première crapule, c’est selon, ferait l’affaire).
I am an independent woman – à la façon Destiny’s Child comme ici – or what?
3. Mais qu’est-ce qui cloche ?
Alors, j’ai mis mon plan à exécution en m’adonnant de temps en temps à quelques sorties avec des amies (voy. épisode 6 sur la puissance du non) quand j’en avais rarement le temps et je dois bien l’avouer, sans grande conviction sur le processus, ni sur l’intérêt que je pourrais susciter.
Et sans grande surprise, les résultats du plan n’étaient pas franchement concluants:
- dans le meilleur des cas, j’étais royalement ignorée alors que ma pote de sortie, elle n’arrêtait pas de se faire aborder (j’étais officiellement la copine transparente, du moins c’est comme cela que je me percevais à force).
- Ou si on me parlait, c’était vraiment sans grand intérêt.
Ce n’était pas gagné.
Je ne me suis pas découragée, toutefois, toujours sans résultat tangible.
Mais qu’est-ce qui coinçait ?
J’ai alors commencé à faire ce que je faisais de mieux : analyser la situation.
- Trop carriériste : au fil des brèves rencontres, j’avais remarqué que toute une série d’hommes n’étaient pas intéressés par mon profil de femme dite carriériste et indépendante qui pouvait faire peur de prime abord (« ah ok carrément avocate » – traduction : « au secours ! »).
Anecdote au passage: Je me souviens d’une fois où nous avions, avec une de mes collègues, indiqué juste pour rigoler à nos interlocuteurs que nous étions hôtesses de l’air. Leur regard s’était illuminé. Quand la vérité est finalement tombée, la déception était perceptible dans leurs yeux et…malheureusement dans leurs actes (vous vous rappelez de cette chanson où l’interprète n’arrête pas de répéter : -« mais t’es pas là, t’es où, t’es pas là, t’es où, pas là… », et bien j’aurais carrément pu faire un duo avec le chanteur à cet instant).
- Trop noire : il fallait me rendre à l’évidence, toute une série d’hommes ne regardaient de toute façon pas les femmes de couleur. Pour eux, j’étais un second choix ou même pas sur le menu. Vous vous souvenez de l’indifférence dont je faisais état ? C’était une dure réalité. Décidément, je cumulais.
- Trop « Bounty » : Pour une série d’hommes noirs, j’étais tout simplement trop « européanisée » dans ma façon de penser – une bounty quoi ! – du coup, je n’entrais pas en ligne de mire. Trop noire pour les uns, pas assez pour d’autres, l’équation à mille inconnues devenait difficile à résoudre.
- Et enfin, il était hors de question de céder à un négrophile : pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle, il s’agit d’une espèce spécifique qui sévit dans les grandes villes (et peut-être dans les campagnes) et est obsédée par les femmes noires, de manière bizarre et limite fétichiste. Le négrophile dans sa version la plus avancée a toujours rêvé d’être noir et poussera le vice jusqu’à porter les attributs de ce qu’il imagine relevant de la négritude : tout l’attirail au niveau des vêtements, voire de la musique « urbaine » et/ou africaine et deux trois mots de lingala pour se sentir un des nôtres sauf que moi je ne parle pas le lingala, mec !
Article lié : Tu ne parles pas la langue de chez toi ?
Je généralise mais vous comprenez un peu l’idée. Pour moi, il était hors de question de tomber entre les mains de quelqu’un qui ne me voulait pas spécialement pour ma personne mais uniquement pour satisfaire son besoin de réaliser un fantasme (colonisateur ? je ne sais pas et ne veux pas savoir). Je ne dis pas que tout homme qui s’intéresse aux femmes noires et à leur culture (ou à la musique afro ou hip-hop – la musique est universelle avant tout) tombe dans cette catégorie, il y a chez le négrophile un arrière-goût malsain très vite repérable.
- Petit bonus : les boites et bars n’étaient pas d’après mon analyse le lieu propice pour déboucher sur des relations à long terme avec des échanges intéressants : -« tu t’appelles commeeeeent ? j’ai rien entendu avec la musique » (j’apprendrai plus tard que ce point n’était pas forcément vrai).
La conclusion était claire : avec mon profil complexe, je n’étais pas faite pour le marché belge.
Je l’ai annoncé à mes amies et cousines[2] avec le plus grand sérieux. J’en étais d’autant plus convaincue en conversant avec une cousine américaine.
Dans mon étude poussée (apparemment intercontinentale), j’avais constaté que l’air de rien, aux USA, la communauté noire était beaucoup plus large qu’en Belgique et donc y voir une femme avec mon profil était beaucoup plus courant que dans les milieux business (after works, cocktails) que je fréquentais (essentiellement belge ou européen peu habitué à fréquenter des personnes avec un arrière-plan migratoire).
J’aurais beaucoup moins dénoté de l’autre côté de l’Atlantique et serais casée depuis belle lurette. Une raison de plus confirmant que j’aurais vraiment dû être New Yorkaise (ce dont j’étais persuadée depuis que j’avais vu le film le Diable s’habille en Prada et les 6 saisons de Sex & the City).
Aaah ma vie ne serait pas pareille là-bas. Je n’étais pas pour autant plus avancée. C’est pas demain la veille que j’allais m’installer à New York (j’apprendrai plus tard aussi que ce n’était pas forcément vrai, ce sera pour une autre histoire).
4. Un temps pour tout, mais surtout un temps pour MOI
J’étais résignée.
J’allais laisser tomber tout ça.
Car au fond de moi, je réalisais que j’étais en quête de ce que la société, les gens, les collègues, les tests bidons des magazines, les vidéos de cette énième influenceuse magnifique (publiant des vidéos avec son mari et son enfant parfaits) me disaient de chercher pour entrer dans la bonne case du bonheur sur papier ou à coups de hashtags intempestifs.
Au fil des plaintes, conversations, échanges avec mes proches (quand j’y pense heureusement que ces personnes étaient là pour moi), j’ai décidé de voir les choses autrement.
En fait, à cette époque-là, j’étais concentrée davantage sur ma carrière et n’étais donc pas dans le bon état d’esprit ouvert et disponible pour rencontrer la bonne personne et surtout j’ignorais ce que je recherchais et ce dont j’avais besoin.
Du coup, je me suis focalisée sur moi.
Sur moi en tant que femme, sur ce que j’aimais faire, ce que j’avais envie de découvrir.
Je me suis fait plaisir:
- en me faisant belle (le budget look avait explosé),
- en passant des moments de qualité avec mes proches et amies,
- en voyageant,
- en faisant du shopping, en allant à des spas (bon ça commence à coûter cher de s’occuper de soi),
- en développant ma spiritualité,
- en me lançant des défis sportifs incompréhensibles pour certains (20 km de course plus loin, un esprit sain dans un corps sain).
Peu à peu avec mon changement d’état d’esprit, quand il m’arrivait de sortir, c’était sans pression de devoir absolument rencontrer quelqu’un, ni d’arrière-pensée. I’ll go with the flow, my flow.
J’assumais mon statut de célibataire, mieux encore, je l’appréciais à 200% sans être en recherche intensive.
Étrangement, je devenais moins transparente et créais parfois même le contact sans le savoir.
Je reprenais plaisir à faire innocemment connaissance avec de nouvelles personnes (comme celui qui allait être mon futur mari) non pas parce qu’il le fallait absolument à cause d’une horloge invisible flottant au-dessus de ma tête mais uniquement lorsque ces personnes suscitaient mon intérêt sans aucun grand plan en sous-marin.
Mon épanouissement personnel était contagieux.
Car, en soi, je n’avais pas foncièrement changé physiquement ni dans mon caractère. J’étais juste une femme en paix avec tout son être et avec la saison (du célibat) que j’avais choisi de vivre à fond.
Cette période m’a également beaucoup aidée à vraiment réfléchir sur mes choix, besoins, ma valeur en tant que femme (en refusant d’abaisser mes standards) et surtout à cerner ce dont je ne voulais pas.
5. Shine bright like a diamond
Cela ne veut pas dire que les questions vont arrêter de fuser (celles des autres mais aussi les nôtres avec cette foutue petite voix interne pas toujours indulgente), mais cela est susceptible de moins nous toucher car on est enfin en paix avec nous-même et notre situation.
Lorsqu’on va au bout du processus d’acceptation de ce que nous sommes et de ce que nous vivons, il y a parfois un sentiment de révélation d’une nouvelle personne qu’on laisse enfin fleurir.
Et pour ce qui est du reste, ça finira bien par venir…
Si j’y suis parvenue (alors que ce n’était pas gagné), cela arrivera, croyons-le (de toute façon croire le contraire ne nous aidera pas).
Et qu’on arrête de faire deux choses qui ne servent à rien :
- Idéaliser les relations d’autrui : on ne sait jamais ce que vivent les autres. Ce #goals qui peut faire envie sur les réseaux sociaux n’est qu’une image ; ON NE NOUS DIT PAS TOUT. Chaque couple a ses joies mais aussi ses peines. Etre en couple ne veut pas dire qu’on a atteint le bonheur absolu.
- Croire que si on est seule c’est parce qu’on est pas assez bien ou pas assez belle : je connais plein de femmes canons qui ont connu le célibat un bon moment. Cela n’a rien à voir avec la beauté mais avec l’opportunité de trouver la personne qui nous correspondra. Et ces choses-là prennent du temps surtout quand, comme moi, vous n’avez pas un profil « classique » selon les standards du pays où vous vivez (but who cares about classic really ?).
Je le redis encore, je suis contente d’avoir pris le temps, prié, espéré mais surtout agi (sur moi d’abord puis vers l’extérieur) pour apprécier ma vie de femme célibataire et la femme que j’étais tout simplement, condition sine qua non pour me laisser le temps de rencontrer la personne qui me correspondait réellement.
C’était certainement moins rapide que d’autres mais le jeu en valait la chandelle.
Si j’avais cédé au premier négrophile qui passait par là (dans ma tête résonne une autre chanson de notre Queen Beyoncé : « Best thing I never haaaaaaaaad » ), je serais passée à côté d’une belle histoire au nom de quoi ?
- Le fameux statut « en couple » à cocher ?
- Au détriment de mon propre épanouissement ? Non merci, très peu pour moi.
On a le droit de ne pas se mettre à tout prix en couple mais plutôt de vivre pleinement sa vie de célibataire si on n’a pas rencontré la personne qui nous aimera et nous voudra vraiment pour ce que nous sommes.
Alors, je conclurai en disant : Brillez et fleurissez durant cette saison du célibat qui n’est pas une tare !
My Dear Single Lady, you are not lonely.
On est ensemble,
Mrs W.
Sharing is caring : Cet article t’inspire ou tout simplement t’a fait du bien ? N’hésite pas à le partager à quelqu’un que ça pourrait encourager. En attendant, tu es toujours bienvenu.e dans les commentaires par mail, sur Instagram ou sur Pinterest pour continuer la conversation. |
N.B. Tout ceci n’est que le reflet d’une tranche de vie d’une célibataire ayant souhaité rencontrer un partenaire de vie à un certain moment. Je conçois tout à fait que ce ne soit pas le souhait de tout le monde et qu’on puisse envisager toute sa vie épanouie sans conjoint ou partenaire. Une fois de plus, je ne parle que de ce que j’ai vécu.
—————————–
[1] Titre d’une Chanson de Laura Pausini. Allez l’écouter et vous aurez bien compris l’ambiance.
[2] J’ai la chance depuis l’enfance d’être très proche de certains cousins et cousines avec lesquels nous formons un cercle restreint et soudé. Avec mes cousines, nous sommes presque comme des soeurs. La sororité y’a que ça de vrai.