Le sujet peut paraître futile mais quand on y regarde de plus près, on a vite fait de se rendre compte que le look, l’apparence, l’image comptent pour nos interlocuteurs mais aussi surtout pour nous.
C’est le cas dans la vie professionnelle mais tout simplement aussi pour notre estime personnelle.
Etre en phase avec l’image que nous reflète notre miroir ou accorder un soin particulier à sa tenue et son look peut carrément devenir une source de développement de notre confiance en soi.
On examine aujourd’hui 3 bienfaits pas si futiles du look et de l’apparence qui peuvent nous aider davantage qu’on ne le pense au quotidien.
Avis aux fashionistas et « sapeurs » parmi vous (je plaide coupable) et celles et ceux qui le sont moins, cet article est pour vous.
Le saviez-vous? Toutes les illustrations utilisées dans cet article ci-dessous sont l’occasion de vous faire découvrir les œuvres de la talentueuse Nicholle Kobi (voyez son site et sa page instagram où elle diffuse son art). J’en profite pour la remercier d’avoir gracieusement accepté que je reproduise quelques-unes de ses œuvres dans mon article. J’affectionne particulièrement cette artiste dans sa représentation de la femme noire moderne, active et stylée qu’on a peu l’habitude de voir représentée.
Aperçu
INTRO – « Sapés comme jamais »
BIENFAIT N°1 – UN SURSAUT DE CONFIANCE EN SOI
BIENFAIT N°2 – L’HABIT FAIT PARFOIS LE MOINE
BIENFAIT N°3 – UN RITUEL, UN PLAISIR
CONCLUSION : VICTIME DE LA MODE?
INTRO – « Sapés comme jamais »
Aussi loin que je m’en souvienne, le soin accordé au choix de sa tenue vestimentaire coule littéralement dans mes veines.
Rares étaient les fois où on avait l’audace de sortir sans être impec’, surtout pour un événement comme un baptême, un mariage ou même la photo de classe (sauf quand on nous affublait de ces pulls bariolés aux couleurs improbables qu’on a tous connus).
Nous n’étions pas Crésus mais croyez-moi on était bien sapés comme jamais à chaque fois.
La tenue c’est important et surtout, il faut que ça claque !
Et je vous parle de la tête aux pieds : tout était savamment assemblé.
Alors, lorsque faute de goût il y avait, on ne se gênait pas pour nous le faire remarquer à coups de :
- « va cirer tes chaussures !»,
- « dis, ta chemise n’est pas repassée ! »,
- « ton visage est gris, va mettre de la crème » (NDLR : dû au fait que la peau noire a tendance à être assez sèche et prend cette coloration grisâtre lorsqu’elle n’est pas assez hydratée) ;
- « t’as de l’eau dans ta cave ? » (NDLR : expression bien belge et assez marrante pour signifier qu’on porte un pantalon trop court).
BIENFAIT N°1 – UN SURSAUT DE CONFIANCE EN SOI
a) Une stratégie pas si futile
Avec le recul, vu cet ADN de la sape, pas étonnant que déjà lors des grands oraux, ma mère soulignait l’importance d’y aller tirée à quatre épingles.
- Il ne fallait surtout pas qu’en plus de tout le reste, ma tenue joue en ma défaveur et qu’on se souvienne de moi comme la jeune fille qui si elle a foiré, était en plus mal fagotée.
- Elle était également persuadée qu’en tant que personne de couleur, on allait juger mon apparence plus sévèrement : déjà que je ne brillais pas par ma confiance en moi malgré de très beaux résultats (j’étais encore jeune et un peu plus fragile), alors arriver avec une tenue négligée n’allait certainement pas m’aider à donner l’apparence de winneuse qui allait donner l’envie à mon interlocuteur de m’écouter.
J’ai toujours trouvé le second argument plus convaincant que le premier. Car pour moi, le fait d’être bien habillée contribuait à me donner un rien plus confiance en moi.
En me trouvant jolie, bien coiffée (je ne m’attarde pas sur la question de l’acceptation de ses cheveux naturels dont j’ai déjà parlé dans cet article invité sur l’amour de soi), dans une tenue bien assortie, avec de belles chaussures, j’avançais alors d’un pas un peu plus décidé qui pourrait m’aider à renvoyer une image plus avenante, donnant envie de m’écouter.
A aucun moment je n’ai pensé que les profs étaient intéressés par ma tenue (ils ne semblaient rêver que de droit constitutionnel et autres concepts complexes) mais le fait de penser que ma confiance en moi aurait un impact positif dans mon échange avec le professeur me permettait d’aborder l’épreuve avec un peu plus de sérénité et de me mettre déjà dans cet état d’esprit de conquérante.
Un boost qui ne fait pas tout mais qui fait déjà beaucoup, j’en suis convaincue.
Pour la petite histoire, certains de mes congénères ne manquaient pas de me regarder parfois avec un regard perplexe quand on attendait dans la file pour passer l’examen (ils n’avaient pas reçu le memo de ma mère apparemment).
Moi je m’en fichais royalement de leurs regards, j’étais confiante dans la théorie qu’arriver habillée en winneuse allait contribuer à faire de moi une winneuse.
Sans le savoir je travaillais déjà la technique du « Fake it till you become it » abordée dans l’épisode 17 sur les 3 raisons d’ignorer le doute.
b) Un boost dans les moments difficiles
Ce petit sursaut de confiance m’a aussi aidée dans des périodes plus difficiles sur le plan professionnel où j’avais moins confiance en moi et en mes capacités pour diverses raisons.
A lire : Episode 6 sur l’importance de dire non
Lorsque j’étais au plus bas, ma tenue était presque toujours au point (parfois même plus que d’habitude): c’était le petit plaisir qui me restait et me reboostait les matins où j’étais démotivée.
Sur le plan plus personnel, cela me ramenait à ce très bon conseil reçu (une fois de plus par ma chère maman) lors d’un chagrin d’amour de jeunesse alors que je peinais à contenir mes larmes : -« Ma fille quand tu es au plus bas, ne le montre surtout pas, mets ta plus belle tenue, ton plus beau rouge à lèvre, prends le soin de t’apprêter et surtout ne reste pas cloitrée à la maison. »
C’était rudement efficace.
Le simple fait de se mettre dans un mouvement de prendre soin de soi me permettait de me sentir un peu mieux même si au fond de moi, la plaie était encore vive.
J’ai depuis communiqué ce sage conseil à des amies en détresse dont certaines m’ont confirmé que cela les avait aidées, alors en grande partageuse que je suis, c’est cadeau !
BIENFAIT N°2 – L’HABIT FAIT PARFOIS LE MOINE
a) Un effet miroir
Vous vous souvenez certainement de votre premier jour de travail.
Cette première journée dans la vie professionnelle où on se sent enfin une « grande personne » marque généralement les esprits.
Pour ma part, je me rappelle nettement ce jour où j’ai franchi pour la première fois la porte vitrée de cet immense tour, ma mallette à la main.
Confidence pour confidence, je peux avouer 11 ans plus tard avec le sourire qu’il n’y avait absolument rien dedans si ce n’est, peut-être un stylo et quelques feuilles volantes mais il me fallait la mallette pour faire sérieuse, vous voyez.
Revêtue d’une veste de tailleur qui me donnait des airs de Madame (exit le look « adulescente ») , escarpins noirs, petite robe noire classique, jambes interminables mais longueur de robe professionnelle toujours avec classe, j’avançais d’un pas –faussement- décidé (telle une Anne Hathaway dans la scène d’ouverture du film Le Diable s’habille en Prada).
Dans l’ascenseur qui me menait en haut de cet immeuble, j’ai croisé une jeune femme qui avait l’air de travailler dans ce bureau d’avocats depuis quelques années tant elle semblait dans son élément.
Je l’admirais et enviais sa stature qu’il me faudrait encore quelques années à avoir.
J’étais perdue dans mes pensées à m’imaginer la vie que pouvait vivre cette avocate jolie et sûrement hyper intelligente lorsqu’ arrivée à mon étage, elle m’a emboité le pas. Nous avons échangé un franc sourire lorsque nous avons réalisé que nous nous rendions dans la même salle qui accueillait les nouvelles recrues…
C’était le déclic.
On a directement accroché. J’avais une alliée.
C’était mon premier contact dans ce cabinet et pour la petite histoire, on y a évolué de nombreuses années ensemble et partagé énormément de nos expériences jusqu’à devenir amies.
Notre amour de la mode et du style (et de notre métier quand même) nous a d’ailleurs quelque peu rapprochées : elle avait un style que je qualifierais d’effortless chic ; vous savez, l’art de pouvoir porter une tenue simple mais avec ce petit twist qui lui donne ce petit truc chic en plus sans la sensation que c’est trop travaillé, tout un art que je salue et qui nécessite plus de recherche que cela en a l’air (comme ce fameux chignon coiffé décoiffé pas trop apprêté mais qui tombe juste bien).
Bien des années plus tard, alors qu’on se remémorait la manière dont on s’était rencontrées dans ce fameux ascenseur, elle m’avouera à ma plus grande surprise qu’au premier regard, elle pensait vraiment que je travaillais dans le cabinet depuis quelques années avec mon look, mon tailleur, ma mallette à la main (soooo empty mais ça elle ne le savait pas), j’avais l’air d’une avocate confirmée, c’était certain.
L’habit ferait-il le moine ?
b) Plus qu’une apparence, une posture
C’est fou non, le décalage entre l’image qu’on a de nous-même et celle qu’on renvoie aux autres ?
On a tendance à se focaliser sur le négatif : -« je ne connais personne ici », -« Mais avec qui vais-je pouvoir parler ? J’aurai l’air bête toute seule», -« I don’t belong here », -« Je suis la seule noire, ça va être chaud ici », -« Elle est certainement mieux que moi ».
Tout ce débat interne que j’avais en moi ne transparaissait pas apparemment.
Au contraire, le boost que ma tenue m’avait donné avait fonctionné sur l’image que je renvoyais à l’extérieur.
Vidéo recommandée: voy. le Ted Talk Your body language shapes who you are de Amy Cuddy
Je n’avais pas non plus réalisé que les autres ne sont pas toujours des super puissants qui ont en permanence confiance en eux. Ils ont aussi leurs doutes et leurs peurs.
On était ensemble dans la même galère, sauf qu’on ne le savait pas.
Je suis persuadée que ce genre de situations arrive très souvent dans la vie professionnelle où on va se persuader que l’autre sait mieux que nous ou va mieux gérer cette présentation que nous, et qu’il/elle a l’air de tout déchirer.
A lire: Episode 17 – 3 raisons d’ignorer le doute et de se faire confiance (partie 2)
Pourtant, si vous êtes tou(te)s les deux dans ce même ascenseur et avez été embauché(e)s, c’est qu’on vous a accordé votre chance et que vous la méritez tou(te)s les deux, non ?
Pourquoi partir du principe qu’on est moins bien et ne pas partir du principe que nous y avons tou(te)s les deux notre place même s’il est vrai qu’on doit encore tout apprendre au début?
A lire : Episode 1 : Que la compétition commence et que le meilleur gagne ?
Finalement, cette tenue est tout sauf futile si elle contribue nonseulement à nous donner confiance en nous mais aussi à se donner une certaine contenance.
c) C’est dit : parfois, l’habit fait le moine
Pour ma part, j’ai souvent eu l’air de faire plus jeune que mon âge, surtout quand je débutais (they say blacks don’t crack !).
Cela peut paraître super dans une société qui prône le jeunisme à tout va mais dans le métier d’avocat que j’exerçais, cela m’a parfois joué des tours car la personne en face de moi, que ce soit un client, un confrère ou un juge, supposait que j’étais la stagiaire débutante même quand j’avais déjà de nombreuses années à mon actif.
Il y a des métiers où les années d’expérience vont rassurer.
Cela peut parfois mener à des situations gênantes où on va donner plus de crédit à la personne qui a l’air un peu plus âgée même si c’est votre dossier et que vous le connaissez sur le bout des doigts.
Il faut ajouter à cela que c’est aussi un métier d’apparences, où on est face à un client devant lequel il faut dans certains cas faire forte impression.
J’ai toujours été scotchée par les costumes bien taillés de certains avocats, mouchoir de poche et boutons de manchettes inclus. Certains clients avaient visiblement l’air impressionnés quand l’avocat en question entrait dans la pièce alors qu’il n’avait encore rien dit, surtout s’il avait quelques années de bouteille et les cheveux gris qui l’attestaient.
Bizarrement, j’ai beaucoup moins rencontré ce problème en travaillant par la suite dans le secteur privé (où peut-être ai-je enfin vieilli ? naaaaaan).
Il faut bien se rendre compte que cet air jeunot peut desservir mais ne signifie pas qu’il faut s’avouer vaincu(e).
Il faudra (certainement) en faire plus que celui qui a la gueule du métier mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas notre place à défendre.
Ne nous décourageons pas.
BIENFAIT N°3 – UN RITUEL, UN PLAISIR
J’ai littéralement refait ma garde-robe lorsque j’ai commencé à travailler. Et qu’est-ce que j’ai aimé ça.
Car mis à part le côté boostant et affirmatif de son statut, le choix d’une tenue est avant tout un plaisir alors j’aime y mettre du soin.
Je ne sais pas pour vous mais je choisis rarement mes tenues à l’avance.
Chaque matin, je suis guidée par l’impulsion du moment de regarder ma garde-robe et d’assembler et recréer à l’envi des nouveaux looks : oui, moi ex-shopoholic, avoue avoir beaucoup de vêtements (et de chaussures), mais je me suis sérieusement calmée avec les années et puis ce n’est pas de ma faute après tout, je conserve les choses et je n’aime pas jeter…Mouais…
Plus que les marques prestigieuses c’est la beauté de la pièce que je vais porter qui m’intéresse davantage (heureusement pour mon portefeuille) qu’elle vienne de l’enseigne la plus chic (ça en restera souvent au stade du lèche-vitrine alors) ou de la boutique bon-marché qui ne paie pas de mines.
Mon choix d’acheter un vêtement sera principalement guidé par l’esthétique du look et la classe qui s’en dégage (sans oublier les sous-sous, le nerf de la guerre, je ne suis pas Crésus on a dit).
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CONCLUSION : VICTIME DE LA MODE?
Un jour alors que je rejoignais l’une de mes cousines pour boire un verre après le travail, elle m’a dit « tu t’habilles bien toi pour aller au travail, moi si je vais comme ça au boulot on va croire que je vais à un baptême ou un mariage ! ».
J’ai beaucoup ri quand elle m’a dit cela.
Bon elle exagérait légèrement, je ne vais pas habillée comme si j’allais aux Oscars non plus, mais il est vrai que faire attention à ce que je porte fait partie de mon rituel bien-être.
Et je suis pour le fait de faire ce qui nous fait du bien, aussi léger que cela puisse paraître, sans aucune gêne et en sachant en rire comme avec ma cousine un peu taquine.
Ma foi, si une tenue peut vous donner le boost qui vous fera vous sentir plus à votre aise, plus confiante, moins baby face, plus femme, plus belle, je ne vois pas ce qu’il y aurait de futile là-dedans.
Par contre, je parle d’un boost, un petit coup de pouce pour le moral, mais cela ne fait malheureusement pas tout.
Il va de soi qu’il faut assurer sur le contenu : une tête bien faite mais aussi bien remplie, en somme.
Bon, c’est pas tout ça mais j’ai vraiment rien à me mettre, et vous ? Avez-vous aussi un rituel bien-être? Vous aimez aussi Nicholle Kobi ? Si vous ne la connaissiez pas, j’espère que cela aura été une belle découverte pour vous. Je ne me lasse pas de ses illustrations. Cette douce impression de m’y reconnaitre…
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On est ensemble,
Fashionistament vôtre,
Mrs W.
4 comments
Fashionista un jour… 😏
Comme tu le dis 💃🏾😄
Super article!
Merci 🙏🏾