#15 – Les 3 leçons de ma rencontre avec Michelle Obama

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Il m’a fallu quelques jours pour réaliser ce qui venait de se passer. Pourtant, ça y est. Je viens d’accomplir un de mes rêves et l’énergie reste encore intacte dans mon coeur. Vous avez bien lu, j’ai rencontré Michelle Obama. Cette rencontre m’a tellement fait de bien que j’ai décidé de vous partager ce que j’en ai retenu, appris et ce que je veux garder et chérir pour mon propre parcours personnel et qui sait, peut-être, pour le vôtre. Mais d’abord, la question que vous vous posez certainement…Dans quel cadre, ai-je bien pu rencontrer Michelle ?

 

Aperçu

1. Le cadre : Moi et Michelle…enfin presque
2. Le personnage : une grande dame
3. Le message: les 3 clés du discours de Michelle Obama
   1. Les fissures derrière l’image parfaite de Michelle
   2. How are we becoming? Merci papa, merci maman
   3. Who are we becoming? Dis-moi ton talent…

I. Le cadre : moi et Michelle…enfin presque

Ce doux rêve s’est réalisé à l’occasion d’une « Conversation Intime » avec celle que j’aime surnommer dans ma tête « My forever first lady » et ce, dans le cadre de sa tournée pour son désormais best seller Becoming.

Les guillemets entourant le terme « intime » sont nécessaires car pour ne rien vous cacher, nous n’étions pas moins de 15.000 personnes dans l’O2 Arena de Londres (salle de spectacle gigantesque) à être conviés à ce rendez-vous d’exception, moyennant l’entrée à 85 £ pour une place dans les gradins supérieurs de l’arène.

Mais pourtant l’impensable s’est produit : j’ai bel et bien assisté à un échange intime entre Michelle (oui oui on est intimes maintenant) et le présentateur Stephen Colbert (animateur humoriste bien connu pour les amateurs de Late Shows américains).

Ce qui était un rien surprenant c’est que malgré la démesure de la salle, Michelle Obama a été capable de partager des moments intimes et complices avec nous, son public, certes déjà conquis et survolté avant même que les choses n’aient commencé, mais à qui elle s’adressait tout naturellement sans cette distance à laquelle on aurait pu s’attendre.

Car en effet, de par ses mots, ses expériences, son naturel, j’ose croire qu’elle parlait à chaque personne de ce public on ne peut plus divers.

Et on peut dire qu’on en a eu pour notre argent : un véritable show à l’américaine avec écrans géants, mise en scène de son arrivée avec des vidéos percutantes des moments clés de sa vie et de celle de son Président de mari.

II.  Le personnage : une grande dame

Aussi loin que j’étais de la scène, son charisme et son naturel sont parvenus à littéralement crever l’écran (géant). Et ce n’était pas forcément gagné d’avance. Sur le papier, le spectacle consistait à écouter une ancienne première dame assise pendant deux heures qui racontait sa vie. Il faut pouvoir tenir un public aussi large, même conquis, en haleine.

Pari réussi.

Je n’ai jamais trouvé le temps long, captivée par ses récits, conseils et anecdotes contées au gré des questions posées par l’animateur/humoriste qui permettait d’aborder des questions assez sérieuses avec un ton parfois plus léger.

Outre son parcours très intéressant, c’est réellement le personnage de Michelle Obama qui captait notre attention. Ce n’est pas un secret qu’elle a un don pour séduire les foules avec son éloquence et ses discours enflammés toujours portés vers l’encouragement de son auditoire.

En tant que femme, noire, de surcroît juriste, je m’identifiais assez facilement à elle mais son message était suffisamment universel pour parler, à mon sens, à la totalité du public dans toute sa diversité.

III. Le message : les trois clés du discours de Michelle Obama

Je tiens à préciser que je n’ai pas (encore) lu le livre de Michelle Obama et me permets dès lors de partager les éléments marquants de cette rencontre publique sans référence à son ouvrage mais uniquement sur base de ce qu’elle a échangé avec nous lors de cet événement à Londres.

1.  Les fissures derrière l’image parfaite de Michelle…

Quand on pense à Michelle Obama, on a tendance à se rappeler de l’image impeccable qu’elle dégage, cette dame à la grande classe, souriante, éloquente, intelligente, mère de deux magnifiques filles, épouse d’un ancien président, ancienne grande avocate et première dame.  Mais derrière cette belle image de réussite se cachent de petites et grandes luttes, même au plus haut sommet :

1. Une enfance modeste : Elevée dans un des quartiers pauvres et difficiles de Chicago, rien ne lui est tombé dans les mains. Elle a dû se battre pour gravir les échelons et déjouer les prédictions des oiseaux de mauvais augure tentant de la convaincre que ses ambitions étaient trop grandes et qu’elle ne parviendrait sûrement pas à entrer dans telle université prestigieuse alors qu’elle était pourtant brillante à l’école.
2. Faire face au racisme et à la suspicion : J’avais oublié les épisodes sombres de la campagne et de la présidence de son mari durant lesquels elle a fait l’objet d’attaques très personnelles et racistes la comparant à un singe ou l’accusant de manque de patriotisme alors qu’elles et son mari adoraient leur pays. Et Michelle de nous rappeler que jamais dans l’histoire des Etats-Unis, un candidat à l’élection américaine n’avait été traité de terroriste ou de non-américain. Ces épisodes ont été douloureux pour elle en tant que femme et citoyenne américaine mais aussi en tant que personne de couleur ayant encore une fois de plus à subir un traitement plus sévère remettant même en cause leur «américanité».
3. Le défi de la maternité: Elle n’a jamais caché dans diverses interviews ses difficultés pour avoir des enfants de manière «naturelle » et le recours dans son cas à la procréation médicalement assistée. J’apprécie qu’elle parle de manière décomplexée de ce qui est souvent caché sous le paillasson de la honte dans le domaine de la maternité alors que cela ne devrait plus être un tabou.

Ces quelques exemples assez parlants m’ont fait réfléchir sur l’image que dégagent certaines personnes et sur notre facilité à éclipser les difficultés d’une personnalité à qui tout semble réussir. Il peut s’agir de Michelle Obama mais aussi de toute autre figure qu’on admire dans le domaine professionnel, du divertissement ou encore sur les réseaux sociaux.

On ne voit que la belle image, le beau résultat qui inspire le respect voire l’envie mais on ne sait jamais (ou on ne veut pas savoir ?) ce qui se cache derrière ce sourire, cette belle posture, cette famille aux airs parfaits: certainement de la souffrance, son lot de moqueries et de coups durs, de découragement, de travail acharné, de discipline, pour enfin peut-être un jour y arriver …

Michelle nous a tout simplement rappelé que rien n’était facile pour personne, même au sommet, contrairement à ce qu’une belle image sur une couverture de livre, de magazine ou sur un post instagram peut tenter de nous faire croire.

2.  How are we becoming ? Merci papa, merci maman

A l’occasion de son discours, Michelle a évoqué que ce n’est pas la Maison Blanche ou toutes les personnes de la haute société et du gratin politique qui ont fait ce qu’elle est devenue aujourd’hui.

Elle rend, en premier, hommage à l’éducation reçue de ses parents qui ne faisaient absolument pas partie de ce milieu privilégié mais de la (hard) working class américaine. Elle nous rappelle là de ne pas sous-estimer le pouvoir de parents aimants prêts à tout sacrifier pour que leurs enfants aient une bonne éducation.

Plus précieux encore, ses parents lui ont transmis une confiance en elle, en son intelligence et sa valeur de sorte qu’elle ne se laisse pas décourager par les empêcheurs de rêves qui n’hésitent pas à rabâcher leurs propres insécurités, préjugés ou peurs sur ceux qui veulent essayer de s’en sortir, voire même de s’élever.

Je me souviens distinctement qu’elle a dit ne plus se souvenir de la personne qui lui avait dit qu’elle n’irait jamais à l’université de Princeton mais bien du ton catégorique et de la dureté des mots utilisés. Heureusement qu’elle a choisi de ne pas l’écouter et avait suffisamment d’amour de ses parents et d’estime de soi pour dépasser ces funestes prédictions.

A mon échelle, je me suis reconnue dans cet amour inconditionnel parental et remercie mes parents de m’avoir éduquée de façon à toujours rechercher l’excellence et le dépassement dans ses ambitions.

Grâce à eux, je ne me suis jamais rien interdit professionnellement même s’il m’arrivait très (trop ?) souvent d’être la seule personne de couleur dans l’environnement où j’évoluais (voir épisode 2 – l’autre noire du cabinet). Cela ne m’a jamais empêché d’évoluer dans des sphères où j’étais l’outsider. Notre seule limitation, c’est nous, n’est-ce pas ?

Je retiens de tout cela que les mots bienveillants d’un parent ont quelque part un effet multiplicateur et protecteur de notre estime personnelle dans le sens où ces mots peuvent finalement neutraliser les multiples regards en coin, découragements et remarques malveillantes prononcées plus tard par des tiers à notre encontre. Car ne nous voilons pas la face, il y en aura, qu’on s’appelle Obama ou pas.

3.  Who are we becoming ? Dis-moi ton talent…

Pour terminer, en l’écoutant parler, je me suis dit, certes, Michelle et Barack Obama sont un modèle de réussite mais leur succès n’est pas un accident. Tous deux étaient brillants déjà sur les bancs de l’école, puis de l’université et dans leur carrière.

Ils n’ont pas simplement réussi par magie mais bien dans un domaine où ils étaient particulièrement doués.

Michelle n’est pas sortie de nulle part : elle avait un talent, des facilités qu’elle n’a cessé de développer en tant qu’étudiante, puis en tant que brillante avocate puis dans le domaine du travail social au profit de sa communauté. On apprendra d’ailleurs que Barack était son stagiaire dans le cabinet d’avocats où ils se sont rencontrés.

Par là, je veux en venir au fait que tout le monde n’est pas destiné à être Barack ou Michelle Obama.

Toutefois, on a tous à notre échelle, un talent, une facilité, un don qu’on peut aiguiser, travailler et qui sait, peut-être pour inspirer d’autres personnes à notre tour.

Qu’on soit éducateur social, artiste, artisan, quel que soit notre talent, on a le pouvoir de le sublimer et aller jusqu’au bout de ce que ce don peut nous offrir en termes de développement pour nous-mêmes mais aussi pour les autres.

Je vais être honnête avec vous, je suis sortie de là avec un sentiment de joie et de contentement intenses, me disant que tout était possible et qu’en se battant on peut y arriver, et même au-delà de ce qu’on imaginait à la base.

C’est probablement grisant mais mon côté pragmatique me fait dire qu’il sera plus facile d’exceller dans ce qui touche de près à un de nos dons ou talents naturels.

Pour ça, j’aime beaucoup cette phrase accrocheuse et teintée de réalisme de l’humoriste Chris Rock dans un de ses spectacles que j’ai récemment regardé sur Netflix :

« I want you children to know you can be anything you wanna be. » (…) I’m like, “Lady, why are you lying to these children?Tell the kids the truth. You can be anything you’re good at. As long as they’re hiring. And even then it helps to know somebody. »

« Je veux que vos enfants sachent qu’ils peuvent être tout ce qu’ils désirent » (…). Je lui réponds alors – « Madame, pourquoi mentez-vous à ces enfants ? Dites-leur la vérité ! Vous pouvez être tout ce que vous désirez dans lequel vous êtes bons pour autant qu’on engage. Et même là, cela peut aider de connaître quelqu’un. »

 

Point d’illusion, d’autres éléments, en plus du talent sont des facteurs de réussite, comme le développement de son réseau (sur lequel on reviendra dans un autre épisode).

En conclusion…

Alors oui, je ne cesserai de vous dire que Michelle Obama était hyper inspirante, naturelle et nous donne cette force de croire qu’on peut tous et toutes y arriver à devenir cette version sublimée de nous-même. Pour ma part, elle est aussi une force de représentation pour toutes les jeunes femmes qui n’ont pas eu l’habitude de voir au sommet une personne qui leur ressemble un peu plus.

Comme elle le disait si bien « It’s hard to figure out how to be a leader when you haven’t seen it… » (il est difficile de comprendre comment devenir un leader lorsque tu ne l’as jamais vu).

Tout cela fait du bien à l’âme mais surtout cela m’a donné l’occasion de me reposer les bonnes questions : Qui souhaitons-nous devenir ? Nous en donnons-nous les moyens ? Quels sont nos talents et comment les développer (encore davantage) ? Ce ne sera pas facile mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas y arriver.

Cela m’a aussi donné envie de lire son livre…Pas toi? Affaire à suivre…peut-être dans un autre article.

On est ensemble,

Mrs W.