Vous avez aimé la première partie (à voir ici) sur ces femmes qui nous donnent l’impression d’être nulle ? Alors vous risquez d’apprécier ce nouvel épisode s’intéressant à présent à un autre phénomène du genre : « l’ensorceleuse ». Croisées notamment dans les sphères professionnelles, celles que j’ai dénommées les ensorceleuses envoutent et endorment tout ce qui bouge – particulièrement la gent masculine (désolée pour ce cliché qui sonne un peu vrai quand même) – et arrivent à mener leur cible dans la direction souhaitée avec, si tout se passe bien, une promotion à la clé. Leur arme fatale c’est leur charme naturel. En un tour de magie dont elles ont le secret, les voilà propulsées au sommet à la vitesse de la lumière. Si vous n’avez rien vu venir, c’est normal, vous avez sûrement cédé au sortilège subtil d’une ensorceleuse. Vous ne voyez toujours pas de qui je parle ? Je propose justement d’en dresser un profil à ma façon. Car qui sait ? Peut-être ont-elles des choses à nous apprendre pour notre propre parcours? |
Sommaire (temps de lecture : 8 min)
- Lieu et scène du crime : le milieu professionnel
- Usual suspect : l’ensorceleuse
- Comportement du suspect : séduire à tout prix
- Verdict : coupable mais de quoi ?
- Conclusion : l’ensorceleuse qui est en toi?
1. Lieu et scène du crime : le milieu professionnel
L’ensorceleuse sévit à peu près partout.
Elle n’a pas de terrain de jeu spécifique, on la rencontre en entreprise, dans l’administration, en cabinet d’avocats et même en politique. Elle se faufile avec l’agilité d’un serpent et sans que vous ne vous en rendiez compte, elle aura déjà pris tout l’espace, y compris votre espace vital.
Prenez garde. Tant qu’il s’agit d’un tremplin pour être propulsée là où elle souhaite arriver, elle s’y glissera.
Pour les besoins de la cause, nous l’appellerons Alyssa.
2. Usual supsect : l’ensorceleuse
L’ensorceleuse est séduisante. C’est presque un pléonasme. Il est, en effet, important de le souligner.
Pourtant, elle n’est pas simplement jolie ni même un canon incroyable de beauté qu’on imaginerait sur les podiums des grands défilés. Elle serait alors beaucoup trop facilement repérable. Non, le jeu d’Alyssa est beaucoup plus subtil. Elle a ce petit quelque chose en plus ou ce charme singulier, visible sans l’être trop, qui titille et attire.
C’est une séductrice naturelle.
Elle peut même avoir un certain chic et une élégance mais c’est optionnel.
Ce qui compte davantage chez Alyssa c’est le mécanisme qu’elle utilise pour attirer à elle comme un aimant les hommes et femmes qui comptent dans la structure professionnelle où elle souhaite évoluer.
Dans tous les cas, elle sait y faire mais soyons clairs sur la question, l’ensorceleuse n’est pas une potiche. Au contraire, elle est plutôt intelligente dans son domaine.
Et même si elle n’est pas forcément la plus brillante, elle connaît suffisamment ses atouts que pour les mettre aisément en valeur et par la même occasion faire oublier ses défauts.
Rassurez-vous, elle en a comme tout le monde mais arrive miraculeusement à les occulter. Une vraie magicienne des temps modernes.
Vous ne la verrez pas afficher ostensiblement son décolleté ou sa mini-jupe comme argument de vente. Premièrement, ce serait trop simpliste et inintéressant.
Deuxièmement, elle dispose d’autres sortilèges plus raffinés et envoutants :
- comme l’art subtil d’attirer les regards sans donner l’impression de l’avoir fait exprès (un art très rarement maitrisé),
- une répartie faite de petites remarques bien ajustées qui feront instantanément rire une assemblée d’hommes d’affaires car, en aucun cas, elle ne se contentera d’une place discrète au fond de la salle. Pourquoi ferait-elle cela? Elle doit être vue et entendue.
- Si vous ouvrez l’œil, vous la verrez gentiment tapoter sur l’épaule ou effleurer le bras d’un collègue ou client en riant naturellement à sa blague moyennement drôle alors que de votre côté, vous ne pouvez rien donner de plus qu’un sourire figé à moitié réussi.
Rien n’est laissé au hasard. Elle sait où elle met les pieds et mesure exactement ce qu’elle entreprend. L’ensorceleuse est maligne et elle met tout le monde d’accord, en tout cas, ceux qui comptent et dont la voix porte.
3. Comportement du suspect : séduire à tout prix
a) Visible, stratégique et décomplexée
Par exemple, alors qu’elle vient de débarquer dans un nouvel environnement professionnel, elle arrive très facilement à engager la conversation et à repérer les décideurs. Elle ne va pas perdre son temps à sympathiser avec le manager des armoires du sous-sol.
NDLR: le manager des armoires (j’ai rajouté « du sous-sol ») est une expression souvent utilisée par une de mes amies (la fameuse autre noire du cabinet de l’épisode 2) pour désigner une personne qui se targue d’un titre de direction pompeux qui en réalité n’est rien d’autre qu’une coquille vide.
Alyssa vise haut, voire très haut. Finalement, pourquoi s’embarrasser de détours quand on peut prendre des raccourcis ?
Si ce comportement vous est familier, c’est que vous en avez certainement croisées sur votre chemin. Si ce n’est pas encore tout à fait clair, la description ne s’arrête pas là.
Comme je le disais, elle n’a pas peur de prendre la parole au milieu d’une assemblée de mâles aux egos surdimensionnés sans pour autant qu’ils se sentent émasculés. Elle connaît le parfait dosage entre la flatterie pas trop appuyée et l’assertivité assumée qui lui donne une crédibilité.
Elle est jolie mais a de la jugeote et pour ne rien gâcher, sa compagnie est agréable.
b) Indispensable et incontournable pour les puissants
Alyssa est particulièrement méthodique et dès qu’elle a repéré sa « proie », elle va non seulement créer le contact mais faire en sorte que le grand chef échange quelques mots avec elle mais surtout qu’il se souvienne de son nom, de son potentiel et du peu qu’elle a déjà accompli pour l’entreprise.
Le maitre-mot : se rendre indispensable et incontournable auprès des puissants.
Alors vous pensez bien que ce qui devait arriver arrivera: la potion explosive et charmeuse ayant fait ses effets, voilà qu’on se souvient justement d’elle pour participer à un nouveau dossier important. Sa technique est redoutablement efficace.
En un temps record, le mot se répand comme une trainée de poudre et ni une ni deux, Alyssa est de tous les grands projets et réunions.
Bien entendu, il ne s’agira pas pour elle de faire de la figuration (comme toi dans cette réunion interminable où tu n’as pas pipé un mot) mais d’entrer sur le devant de la scène comme personnage principal dégainant une présentation de feu (probablement préparée par un de ses sous-fifres qui n’obtiendra jamais le moindre crédit mais bon, soyons mauvaise langue bonne joueuse et laissons à Alyssa le bénéfice du doute).
c) Sa cote monte en flèche
Si tout va bien, la promotion ne tardera pas à pointer le bout de son nez, précisément au nez et à la barbe de ceux et celles qui attendaient patiemment que leur tour vienne. Mieux encore, le charme opérera même parfois jusqu’à créer un poste ou une situation particulière pour elle.
Finalement, elle ne séduit pas à tout prix mais séduit pour un prix en particulier ou une place très spécifique dans la pyramide.
A force de détermination, elle finit par l’obtenir ou alors un prix de consolation qui ferait déjà rêver les moins audacieux(ses) qui l’admirent en secret.
Toutes les ensorceleuses que j’ai rencontrées répondaient plus ou moins aux caractéristiques que j’ai décrites. J’en ai fait une réinterprétation libre (vous aurez compris que tout cela n’a rien de scientifique) sur base de mon expérience très subjective, il faut bien le reconnaître, et au gré de mes conversations encore moins scientifiques avec mon entourage sur le sujet.
4. Verdict : coupable mais de quoi ?
Rendons-nous à l’évidence. S’il y a bien une chose dont les ensorceleuses sont coupables c’est d’être très fortes dans leur jeu d’ascension professionnelle dont elles maitrisent les règles comme personne.
A ce propos, n’aurait-on pas quelque chose à apprendre d’elles plutôt que de se limiter à constater qu’elles sont manifestement plus habiles ?
J’en tire personnellement 3 leçons :
a) Utiliser ses atouts
- Miser tout sur ses atouts : elles connaissent leurs forces et faiblesses et misent absolument TOUT sur leurs atouts qu’il s’agisse de leur charme mais surtout aussi de leurs compétences intellectuelles, toujours avec force et conviction même si elles n’en savent pas nécessairement plus que les autres.
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- La ligne rouge ? Chacun met la limite où il le sent mais pour moi, la ligne rouge c’est la promotion canapé (l’éléphant dans la pièce qu’on n’avait pas encore nommé). Les Alyssa que j’ai croisées n’étaient pas forcément du type à s’allonger pour réussir, elles avaient un côté plus fin (flirter sans en avoir l’air mais sans jamais aller plus loin).
Toutefois, certaines avaient notoirement franchi le pas selon la rumeur (même si on connait depuis l’épisode 8 la précaution à prendre avec les rumeurs au travail).
En revanche, loin de moi l’idée de juger des personnes qui tombent amoureuses et développent une relation avec leur patron (c’est une toute autre question qui n’est pas le sujet du jour) mais je parle plutôt de la ligne rouge visant à entretenir une liaison avec une personne haut placée dans le but conscient d’obtenir une meilleure place.
En ce qui me concerne, les choses sont claires. Ce n’est pas ma nature de flirter avec d’autres hommes (suis mariée mec) et encore moins dans le milieu professionnel, ni de donner l’impression qu’il y a une quelconque ouverture (apparemment mon visage stoïque ne lance aucune vibe de ce type m’a-t-on dit).
Franchir la ligne rouge pour obtenir un poste est un NO GO absolu . C’est une question de principe et, sans mauvais jeu de mot, ça ne vaut tout simplement pas le coup à mon sens.
Je préfère arriver quelque part en raison de mes capacités professionnelles. Aucun poste ne mérite que je jette mes valeurs à la poubelle. Alors, je brillerai peut-être moins vite mais pourrai continuer à me regarder dans le miroir. Je ne fais aucune concession sur ce point.
Par contre, il n’y a rien de mal à mettre sciemment ses atouts en valeur quand on rencontre quelqu’un de stratégique pour nos objectifs de carrière. Loin de là. Ce serait même idiot de ne pas saisir l’occasion et se contenter d’attendre que le miracle se produise.
b) Oser viser le top
- Prendre la parole même au sommet: et si plutôt que de briller par son silence on prenait la parole et faisait même valoir un point intelligent et intéressant en réunion, histoire d’être remarquée pour nos atouts qui gagnent à être connus? En effet, lorsqu’on a un point ou une remarque à émettre, oser les formuler
- va nous habituer à prendre la parole et
- ne pourra que nous aider à nous améliorer plutôt que se mordre la lèvre lorsque le collègue plus couillu exprimera exactement l’argument qu’on voulait développer et en récoltera toute la gloire à notre plus grand dam. Finies les occasions manquées suivies de frustration, fonçons !
- La ligne rouge ? Cela ne vous énerve-t-il pas les personnes qui aiment juste parler pour parler ? Pour ma part, je préfère intervenir quand j’ai quelque chose d’intéressant et de pertinent à dire. Du moins, j’essaye. Je n’apprécie que moyennement cette manie d’intervenir pour dire des choses qui n’apportent aucune valeur ajoutée au débat si ce n’est de s’entendre parler ou occuper l’espace. A chacun sa méthode mais à mon sens, brasser du vent toute la journée risque d’amoindrir notre crédibilité.
c) Être stratégique
- Un objectif précis : une chose est claire, les ensorceleuses ont en commun de prendre des décisions stratégiques. Elles n’avancent pas à l’aveugle mais semblent définir un objectif précis de carrière en identifiant les personnes qui leur permettront d’y arriver.
- Exemple concret : au lieu de rester clouée pendant un cocktail avec la même personne qui nous tient la jambe depuis 3 heures, virevoltons tel un papillon d’une personne à l’autre en prenant soin de nouer des contacts à foison qui feront l’objet d’un suivi rapide pour consolider ces nouvelles relations. Tout est calculé dans le sens d’un seul objectif : élargir son champ d’opportunités et évoluer dans sa position. Il n’y a rien de mal à cela et ce n’est pas parce qu’on n’est pas naturellement doué(e) pour le networking qu’on ne doit pas essayer d’être un peu plus stratégique dans nos choix et notre réseau.
5. Conclusion : l’ensorceleuse qui est en toi ?
Finalement, l’ensorceleuse peut nous donner l’impression d’être nul(le) parce qu’elle arrive plus facilement ou plus vite que nous à ses fins mais ça c’est le jeu. Comme le dit souvent un de mes cousins : Don’t hate the player, hate the game !
Si on veut entrer dans le jeu, il faut malheureusement se prêter à certains mécanismes qui nous permettront d’avancer et prendre les rênes de notre trajectoire professionnelle plutôt que de la subir. Je pense qu’on peut apprendre cela des Alyssa qui nous entourent.
Enfin, si tu n’es pas une grande séductrice ou ensorceleuse des temps modernes, ce n’est pas la fin du monde.
Je l’ai assez bien imprimé alors que je m’énervais toute seule contre la facilité avec laquelle une super Alyssa réussissait sans effort à envouter en très peu de temps une ruée de personnes clés. J’enviais sa dextérité à naviguer dans des eaux agitées, peu importe la hauteur des vagues. Mon cher et tendre de me rétorquer :
«Oui mais toi tu brilles autrement, tu as une connaissance dans ton domaine et ta valeur est reconnue sans que tu aies besoin de flirter. Tu n’as pas besoin d’utiliser toute cette séduction. Ce n’est pas toi ! Tu y es arrivée autrement. »
Bon vous allez me dire qu’il n’avait aucun intérêt à me convaincre de flirter à tout va, n’est-ce pas, mais je pense qu’il y avait beaucoup de vrai dans ce qu’il me disait.
J’avais d’autres qualités qui étaient déjà prises en considération et il était temps à ce moment-là de m’en rendre compte plutôt que de me focaliser sur les talents de séduction d’autrui. C’est son histoire à elle et pas la mienne. Alors prenons ce qu’il y a de bon là-dedans car tout n’est certainement pas à jeter et avançons avec les forces et atouts qu’on a.
Cherchons bien, il y en a bien plus qu’on ne le croit…
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Pour ma part, je ne suis pas une ensorceleuse et ça me va très bien comme ça. Toutefois, au terme de cet article, je reconnais les limites de l’exercice auquel je viens de me livrer, réalisant que moi-même j’ai pu être perçue comme une ensorceleuse simplement parce que je suis parvenue à atteindre certains objectifs professionnels rapidement (sur mon parcours ici) ou à m’entendre avec certaines personnes bien placées même sans arrière-pensée.
Alors, serais-je l’arroseuse arrosée ? La leçon de tout ça est-elle qu’on peut tout simplement être victime de son succès juste parce qu’on est plus habile qu’une autre ? A méditer. Cela me permet dans tous les cas de regarder ces femmes que je pointais du doigt avec un ton moins accusateur et surtout d’en prendre de la graine.
Et toi as-tu déjà rencontré ou identifié des ensorceleuses ou séductrices notoires au travail ou ailleurs ? Quelles leçons t’ont-elles apprises ?
Note que dans le prochain et dernier épisode de cette série en trois parties (première partie ici) , on proposera une rencontre avec un troisième type de femmes qui nous donnent parfois l’impression d’être nulle…
En attendant, un bon nombre d’articles t’attendent sur le blog ici. Et comme toujours, n’hésite pas à partager à d’autres les épisodes qui qui t’on plu. On se retrouve également sur Instagram et Pinterest, par mail ou en commentaires.
Au plaisir de te lire.
On est ensemble,
Mrs W.