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Trente-cinq

Il y a quelque chose avec certains chiffres. L’atteinte d’une dizaine, vingtaine, trentaine, ou tout simplement le fait d’arriver à un chiffre rond. Personnellement, j’ai toujours été fan des anniversaires célébrés en grande pompe et à l’aise avec chaque âge mais, je l’avoue, cette année, mes 35 ans ont une saveur particulière…

Ils s’accompagnent d’un sentiment étrangement paisible : une prise de conscience réaliste de mon âge.

« Bienvenue au club des 35 ans et plus » m’ont dit certains d’un air sarcastique. Je ne leur en veux pas. La société nous pousse dans cette direction-là. Vieillir serait risible et moyennement enviable? D’autres se contentent de regards plus ou moins discrets ou inquiets en direction de ce ventre qui ne s’arrondit toujours pas à leur grand désarroi (« Sois mère et tais toi » je les entends presque dire encore comme dans l’épisode 5 sur la pression de la maternité dans la trentaine).

Mais non, aujourd’hui, je ne me tais pas.

Au contraire, plus que mes états d’âme sur mes 35 ans, j’ai envie de proclamer haut et fort à toutes mes sœurs, amies, lectrices, lecteurs, femmes modèles, inspirantes, inspirées, plus jeunes, moins jeunes, mères ou pas, qui m’entourent de près ou de loin que nous avons mille et une raisons de nous célébrer et que nous devons prendre le temps de le faire.

Célébrer nos accomplissements et surtout célébrer la personne que nous sommes devenues et devenons jour après jour, année après année, quoi qu’en disent les ricanements ou sous-entendus mal placés derrière un chiffre.

I. 35 ans…Une douce réalité

La réalité est là. Je ne suis plus vraiment si jeune.

C’est aussi simple que le fait que mon corps mette déjà plus du temps à perdre ces kilos en trop alors qu’à vingt ans je consommais des quantités non négligeables de fast food sans jamais prendre un gramme.

C’est aussi un autre état d’esprit : se réjouir les soirs d’hiver de rejoindre sa couette et son cocktail préféré, à savoir, thé, miel et citron plutôt que d’enchainer des sorties effrénées en boite de nuit en secouant des mojitos.

Pour ma part, les brunchs et dîners entre amis à la maison ainsi que les podcasts et vidéos sur le développement personnel ont remplacé les virées nocturnes de ma jeunesse rythmée aux sons des clips vidéo des derniers artistes pop ou rap en vue que je regardais sur MTV[1].

Et je me sens parfaitement à l’aise avec cela (if you are boring and you love it clap your hands…).

Une douce réalité, je vous le disais.

Cela ne veut pas dire que je ne vais pas de temps en temps à des concerts par exemple, j’adore cela.

Mais ne comptez pas sur moi pour prolonger les after de manière indéterminée. Quand le rideau tombe, je rentre calmement chez moi suffisamment nourrie de l’incroyable spectacle auquel je viens d’assister (je ne saurais que trop vous recommander Janelle Monaé et Beyoncé sur scène, de loin les meilleurs concerts de toute ma vie).

II. A 35 ans, je rêve et j’accomplis

Plus sérieusement, à 35 ans, je suis définitivement une adulte avec plein de rêves dans la tête et la folle envie et même la capacité de les accomplir. Car à cet âge, on est sans aucun doute plus à même d’avoir l’expérience et le recul nécessaires ainsi que les moyens de ses ambitions. Tu es moins naïve et sais ce que tu veux et ne veux pas et surtout ce que tu vaux.

Mais en regardant de plus près, avec un peu de chance beaucoup travail, tu as déjà réalisé pas mal de belles choses.

Or notre réflexe parfois, dans une vie à du mille à l’heure axée sur la performance et les cases à remplir, c’est de se préoccuper de ce qu’on n’a pas encore fait, pas encore vécu, pas encore rencontré, marié, enfanté, acheté, acquis, découvert…Alors qu’on devrait parfois appuyer sur pause et s’arrêter sur tous les objectifs petits et grands qu’on a réalisés et dont on devrait être fiers :

• cette langue étrangère qu’on a apprise,
• ce diplôme qu’on a obtenu après un dur labeur,
• ce nouveau job qu’on a décroché, gardé, dans lequel on a évolué,
• ce cercle de bonnes personnes dont on a su sagement s’entourer dans les bons et mauvais jours…

Car même les mauvaises expériences peuvent nous révéler une force insoupçonnée : cette difficile expérience professionnelle dont on a su se relever avec grâce, cette relation toxique dont on a eu le courage de sortir, et plus important encore, cette personne qu’on est devenue et dont on peut être fière.

Peut-être que là où on se laissait faire, on est maintenant capable de taper du poing sur la table et de s’affirmer, là où on pleurait et se braquait facilement face à la critique ou l’oppression, on sait se rendre compte de notre valeur et imposer des nécessaires limites (à ce sujet voy. l’épisode sur l’importance d’apprendre à dire non).

Il n’y a pas de petit progrès.

Alors, il faut s’atteler à reconnaître le chemin accompli tout en dessinant notre future trajectoire.

III. Le pouvoir de (re)dessiner sa vie

C’est cette prise de conscience et ce pouvoir-là qui me rendent joyeuse à 35 ans et plus.

J’ai dernièrement suivi le parcours de différentes personnes inspirantes dans des podcasts[2] ou des comptes suivis sur les réseaux sociaux[3], ou tout simplement dans mon entourage. Elles ont en commun d’avoir décidé (après un parcours bien dans le rang) de totalement changer de cap.

Il pouvait s’agir, par exemple :

• d’une reconversion professionnelle radicale : je pense notamment à Rosine, qui a changé de carrière pour devenir spécialiste du cheveu bouclé et crépu. Elle m’a récemment offert l’opportunité de livrer dans son blog mon témoignage personnel sur l’amour de soi ;
• ou d’un changement de mode de vie comme le minimalisme ou le zéro déchet, ou le fait de planter ses propres légumes, consommer de saison et changer le monde par ces petits gestes transmis à ses enfants dès le plus jeune âge.
• ou encore d’une expatriation dans un pays étranger : quitter sa zone de confort pour recommencer à l’autre bout du monde (je compte parmi mes amies et ma famille des personnes qui sont parties vivre et travailler en Afrique, en Australie, en Asie ou dans d’autres pays d’Europe simplement parce qu’elles n’ont pas eu peur).

Ce qui m’a fascinée avec ces parcours très différents de personnes, souvent aussi dans la trentaine, c’est cette faculté de dire « Stop ! Ce n’est plus ce que je souhaite. Je veux et je peux faire autre chose, autrement, différemment ! »

J’admire cette capacité de transcender l’ordre établi lorsqu’il n’est pas en phase avec nos propres souhaits.

Cela me rappelle aussi qu’on peut toujours, qu’on ait 35 ans ou plus ou moins, se remettre en question et se proposer autre chose davantage en adéquation avec la personne qu’on est aujourd’hui, qui ne cesse de changer et d’évoluer.

Je n’ai rien à voir avec la personne de 19 ans ou de 25 ans que j’étais et c’est normal.

Alors il est tout aussi normal que mes rêves évoluent en fonction de mon vécu. Il n’y a pas de honte à cela, même si nos aspirations ne correspondent pas à ce que la société voudrait (ou ce qu’on croit que la société voudrait) qu’on soit.

Car, soyons honnêtes, parfois c’est nous qui nous créons des films sur ce qu’on attendrait de nous (comme si le monde – tournant autour de notre point de vue narcissique – était en permanence en train de scruter notre trajectoire…n’importe quoi).

Si ton but dans la vie n’est pas celui de ton voisin, de ton chef, de tes parents, de ton ami(e), c’est tout à fait acceptable. Il n’y a pas mort d’homme.

En revanche, il n’y a rien de pire que de ne pas être en adéquation avec soi-même. A notre âge, on n’a pourtant plus rien à prouver à personne. On a le droit d’être soi et de vivre pour soi avant de plaire aux autres. La vie est trop courte que pour vivre celle de quelqu’un d’autre, non?

Affranchis-toi ! La liberté d’être soi est trop belle.

Quel que soit notre âge, nous avons le pouvoir de donner la direction que NOUS voulons en toute créativité et liberté. Pour moi, par exemple, l’écriture est une expression de ma créativité et je suis fière de continuer à partager et encourager par ce moyen.

IV. De l’autre côté du filtre… 

Relevons la tête et prenons le temps de nous célébrer ainsi que nos nombreux accomplissements.

Et qu’on enterre cette histoire d’âge et tout le malaise qu’on est censé ressentir avec le temps qui passe ! Chaque jour, chaque année est une grâce et un cadeau.

Prenons-le comme tel plutôt que de céder à l’illusion du jeunisme des couvertures de magazines photoshoppées ou des photos instagrammables inondées de filtres qui gomment toute réalité.

Derrière les filtres, il y a la vraie vie et je le redis, nous pouvons être fières de nous et que personne n’ose encore nous faire douter de notre valeur et de notre « fraicheur ».

Regarde encore et sois rassuré(e), il y a plus de 35 raisons de te célébrer aujourd’hui…

Si tu le souhaites, tu peux en partager une en commentaires (ou continuer la conversation sur ma page instagram).

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On est ensemble,

Mrs W.

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[1] Les vrais old school se souviennent des émissions « Yo Rap » ou « MTV Amour » ou encore « TRL »

[2] Je conseille sincèrement le podcast Change ma vie qui a littéralement changé ma façon de voir la vie. J’en reparlerai plus longuement dans un autre article.

[3] Il y a pas mal à découvrir sur le compte les déviations sur Instagram qui reprend pas mal de témoignages enrichissants de personnes qui ont décidé de changer le cours de leur vie.